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Adieu Mohamed Melehi…

Frondeur né et indécrottable optimiste, le peintre marocain Mohamed Melehi fut de tous les combats artistiques.  Pour ses amis, son appétit de vie était sans limites. La mort l’a pourtant rattrapé mercredi 28 octobre à l’âge de 84 ans, à l’hôpital Ambroise-Paré, à Paris, où il avait été admis en soins intensifs suite à une infection liée au Covid-19.

Mohamed Melehi a 17 ans lorsqu’il s’inscrit en 1953 aux Beaux-Arts de Tétouan. A Tanger, les trublions de la Beat Generation américaine ont pris leurs quartiers. Mohamed Melehi y côtoie l’écrivain Paul Bowles et l’artiste Brion Gysin, autour desquels gravitent de nombreux créateurs marocains.

Mohamed Melehi
Carrière hors norme que celle de cet artiste, né en 1936 à Asilah, dans une famille bourgeoise traditionnelle et qui s’est épanoui au contact des avant-gardes italienne et américaine. 

A leur contact, il comprend qu’il doit élargir ses horizons. De 1955 à 1964, une suite de bourses lui permet de sillonner l’Europe et l’Amérique. Etudiant aux Beaux-Arts de Séville, puis en résidence à Madrid, il s’émancipe de la figuration académique en découvrant l’art informel et gestuel. A Rome, il s’initie à la Dolce Vita et l’avant-garde italienne, alors incarnée notamment par Alberto Burri.

La figure de l’onde

En 1961, le jeune homme s’envole pour les Etats-Unis où il devient maître-assistant à l’école d’art de Minneapolis avant de faire plusieurs séjours à New York. Une révélation ! Il y découvre de nouvelles techniques mais aussi une nouvelle esthétique, celle de l’art optique. Abandonnant sa palette noire pour des couleurs franches, il intègre dès lors dans ses tableaux la figure de l’onde, qui deviendra sa signature.

Mohamed Melehi perd son combat contre le covid-19

Dans le bouillon artistique de Big Apple, Mohamed Melehi ne passe pas inaperçu. En 1963, il figure dans l’exposition historique « Formalists » à la galerie d’art moderne de Washington et, la même année, dans « Hard Edge and Geometric Painting » au MoMA de New York.

Revenu en 1964 au Maroc, Mohamed Melehi enseigne à l’école des Beaux-Arts de Casablanca, dirigée par l’artiste Farid Belkahia. Mohamed Chebâa, rencontré à Rome quelques années plus tôt, les y rejoint. Les trois hommes élaborent un manifeste dont ils exposeront les principes lors d’une exposition qui fera date en 1969, place Jemaa-El-Fna, à Marrakech. Les trois hommes ont fait leurs gammes à l’étranger. S’ils sont revenus au bercail, ce n’est pas pour transmettre un académisme remâché occidental, ni participer au discours officiel d’une jeune nation en construction.

Leur idée

Inventer une voie médiane en réhabilitant la figure de l’artisan et les formes vernaculaires. « Melehi est dans une alter-abstraction, une abstraction non alignée pour reprendre le vocabulaire géopolitique de l’époque, avec un visage résolument décoratif dans le sillage du Bauhaus », analyse Michel Gauthier, conservateur au Centre Pompidou et auteur d’une monographie sur l’artiste aux éditions Skira.

Pour le Hicham Daoudi, Melehi était « un enchanteur qui savait parler de la modernité américaine comme de la place de l’art africano-berbère, en prônant le dialogue tout en reconnaissant les différences ». Comme ses comparses, il voulait un art à la portée de tous et inscrit dans la société. Il a ainsi contribué aux grands projets d’urbanisme imaginés au Maroc par les architectes Abdeslam Faraoui et Patrice de Mazières.

Généreux

L’artiste voulait défendre la cause de ses confrères, par le biais de sa brève maison d’éditions Shoof. En 1971, avec les poètes Mostafa Nissaboury et Tahar Ben Jelloun, il fonde la revue d’art et de littérature Intégral, « une aventure collective menée avec des bouts de chandelles, à une époque où les artistes prenaient leurs destins en mains pour raconter leur histoire », rappelle Meryem Sebti, directrice de la revue d’art Diptyk.

Exposition : Mohamed Melehi rend hommage à Matisse | Aujourd'hui le Maroc

En 1978, Mohamed Melehi devient la locomotive du Moussem d’Asilah, un festival culturel international cofondé avec un autre enfant de la ville, Mohamed Benaïssa. « Melehi savait fédérer les énergies », salue l’historien d’art et curateur marocain Brahim Alaoui, rappelant « qu’en quelques années il avait transformé un village de pêcheurs en capitale culturelle et musée à ciel ouvert ».

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